Pascal ? « Il greffe sur l''augustinisme la doctrine de la raison d''à tat et parvient ainsi au paradoxe de la force pure et mauvaise à laquelle il faut docilement obéir. » La tragédie classique ? « C''est l''expression la plus parfaite de la déchristianisation ; elle crée un monde nouveau de la vie sublime, indépendant de toute pensée chrétienne. » Descartes ? « Il construit la sphäre de la liberté humaine non pas en Dieu mais contre Dieu. » Moliäre ? Il met en scäne l''« honnête homme » et son nouveau statut.
Sécularisation, recherche d''une morale autonome, loin des préceptes de la religion : tel est le mouvement qu''Auerbach repäre tout au long du XVIIe siäcle français, à la fois du cà té des productions intellectuelles et du cà té des comportements sociaux. Il décrit les lieux de la vie artistique où se mêlent et s''affrontent, à Paris, les classes sociales ; il étudie les origines familiales des élites intellectuelles, analyse les mutations du parterre au théâtre et le glissement progressif de la bourgeoisie productive vers les conforts de la rente.
Qu''il réfléchisse sur « la théorie politique de Pascal », sur « la cour et la ville », sur le « sourire hospitalier » de La Fontaine ou sur l''évolution sémantique du mot « passion », l''auteur de Mimésis déploie comme à l''accoutumée, dans ces essais, une érudition prodigieuse, en même temps qu''il réväle un XVIIe siäcle tout tendu vers de nouvelles raisons d''être.